Le mois de juin est fini ! Je suis pas mécontente de maintenir un bon rythme avec des lectures variées. Historique, horrifique et fantastique sont au programme du jour. J’ai aussi lu pas mal de romans courts, ce qui est assez rare car je tends vers les pavasses habituellement ! Vous jetez un œil ?
La rose pourpre et le lys de Michel Faber
Dans les bas-fonds de Londres, à la fin du XIXe siècle, les hommes ne jurent que par Sugar, une prostituée sulfureuse et cultivée. William Rackham, riche héritier, en tombe éperdument amoureux et décide de l’entretenir. Sugar est sauvée de la misère, et bien décidée à ne plus y retourner. Mais face à la médiocrité d’une petite-bourgeoisie moralisante, parviendront-ils à braver les interdits ?
« La rose pourpre et le lys » de Michel Faber est un roman historique qui plonge les lecteurs au cœur de la fin de l’ère victorienne, une période marquée par des contrastes saisissants. L’auteur maîtrise à merveille la description des paradoxes de cette époque, nous transportant des bas-fonds à la petite bourgeoisie avec un style imagé, travaillé et enjôleur. Les personnages variés et représentatifs des clichés de leur époque sont croqués avec efficacité, offrant un récit qui dépeint avec réalisme les conditions de vie des prostituées et les aspirations de la bourgeoisie de l’époque. Dans cet environnement où les femmes dépendent des hommes pour leur survie, Sugar, l’héroïne inattendue, incarne une certaine forme d’indépendance et défie les normes de la société. L’histoire subtile et les dynamiques de domination explorées par l’auteur nous invitent à réfléchir sur les contraintes et les aspirations des individus de cette époque normée et parfois absurde.
Le livre de Nathan de Nicolas Cartelet
Le dernier livre de l’humanité
Le destin est incroyablement railleur. Une étrange apocalypse maritime se déclenche en une nuit et Nathan Verdier devient l’un des seuls survivants d’une humanité privée de ses terres. Sur son bateau de fortune, au milieu des bouteilles vides et de quelques conserves, se trouve son manuscrit, son précieux roman dont aucun éditeur n’a voulu. Et ce livre improbable est le seul à avoir été sauvé des eaux…
D’année en année, de siècle en siècle, ce texte miraculé, qui aurait dû finir dans les archives de la médiocrité, va devenir un objet d’escroquerie, de tentation, de passion et de culte. Cette fois, c’est sûr, il aura le succès qu’il mérite !
En conclusion, le roman raté de Nathan Verdier prend une importance inattendue dans un monde post-apocalyptique envahi par les eaux. Alors que le livre devient le dernier à être lu dans les écoles, il survit aux changements linguistiques et sociaux, devenant un outil de manipulation des masses. Cette histoire absurde de mérous et de poèmes aux poissons se révèle être un parallèle avec les livres saints et les légendes mythologiques, suscitant des interprétations fanatiques et des rituels alambiqués. Avec une ironie mordante, l’auteur dépeint un univers délirant où les personnages et les dialogues sont aussi absurdes que ceux de Douglas Adams. Malgré sa brièveté, le roman offre des éclats de style théâtral et des dialogues enlevés, offrant ainsi un divertissement réjouissant.
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Issa Elohim de Laurent Kloetzer
Europe. Demain.
Dérèglements climatiques, terrorisme et guerres confessionnelles secouent les restes d’un ordre mondial en miettes et jettent des millions de réfugiés sur les routes. L’horizon est fluctuant ; le monde se recroqueville face à un futur incertain et menaçant. Et puis il y a les Elohim — ou prétendus tels. Des êtres exceptionnels, mystérieux, porteurs d’un espoir nouveau, et qui semblent s’incarner sur Terre de manière aléatoire.
Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Que sont-ils ?
Valentine Ziegler est pigiste. Lorsque, depuis sa Suisse natale aussi préservée que sécurisée, elle entend parler de la présence possible d’un de ces êtres dans un camp de réfugiés tunisien géré par l’agence européenne Frontex, elle auto-finance en hâte son voyage dans l’espoir d’un reportage digne d’intérêt. Valentine est toutefois très loin d’imaginer au devant de quoi elle se précipite, l’étendue de la révolution à laquelle elle va se mesurer. Une possible épiphanie à même de changer sa vision du monde, si ce n’est le monde tout entier…
Si ce texte n’est pas inintéressant, j’ai trouvé qu’il manquait un peu de matière pour être mémorable. Pourtant, l’idée d’êtres aux pouvoirs étranges, correspondant à des croyances humaines, est prometteuse, posant la question de l’impact de ses individus dans un monde en crise. Laurent Kloetzer nous présente une Europe fermée, partagée entre des camps de réfugiés du sud tandis que les riches peuvent encore partir au ski dans des hôtels de luxe. Cet aspect a quelque chose de percutant, et est amené sans lourdeur par l’auteur. Le roman n’apporte pas vraiment de réponse, ce qui fait partie de l’intérêt, mais m’a donné aussi l’impression diffuse de survoler certaines problématiques.
My soul to keep de Tananarive Due
Lorsque Jessica épouse David, il est tout ce qu’elle attend d’un père de famille : brillant, attentif, toujours juvénile. Pourtant, elle a toujours l’impression que quelque chose en lui est hors de portée. Bientôt, alors que des proches de Jessica commencent à connaître une mort violente et mystérieuse, David fait une confession inimaginable : Il y a plus de 400 ans, lui et d’autres membres d’une secte éthiopienne ont échangé leur humanité pour ne jamais mourir, un secret qu’il doit protéger à tout prix. Aujourd’hui, ses frères immortels ont décidé que David devait revenir et laisser sa famille à Miami.
J’ai donc trouvé ce roman unique et intelligemment mené. Le rythme ne plaira pas à tout le monde, pas plus que le duo principal. Mais ce n’est pas le propos du roman, qui pose la question de la place de l’étrangeté qui envahit le quotidien, doucement, jusqu’à ce que les secrets deviennent insoutenables. Peut-on éternellement échapper à son passé ? Comment faire face à un secret énorme de la part de sa moitié ? Tananarive Due construit une horreur d’ambiance lancinante, traversée de moments sanglants. Elle pose également la question de la place du contrôle dans le couple, symbolisée par les points de vue asymétriques, mais aussi par le comportement ambigu de Dawit.
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Le phare au corbeau de Rozenn Illiano
Agathe et Isaïah officient comme exorcistes. L’une a les pouvoirs, l’autre les connaissances ; tous deux forment un redoutable duo.
Une annonce sur le réseau social des sorciers retient leur attention. Un confrère retraité y affirme qu’un esprit nocturne hante le domaine d’une commune côtière de Bretagne et qu’il faut l’en déloger. Rien que de très banal. Tout laisse donc à penser que l’affaire sera vite expédiée.
Cependant, lorsque les deux exorcistes débarquent là-bas, le cas se révèle plus épineux que prévu. Une étrange malédiction, vieille de plusieurs générations, pèse sur le domaine de Ker ar Bran, son phare et son manoir.
Pour comprendre et conjurer les origines du Mal, il leur faudra ébranler le mutisme des locaux et creuser dans un passé que certains aimeraient bien garder enfoui…
« Le phare au corbeau » de Rozenn Illiano est un roman qui coche toutes les cases pour une lecture immersive. L’auteure parvient à captiver les lecteurs dès les premières pages en proposant une histoire en apparence simple, mais qui se révèle être surprenante et bien tournée. La construction habile du récit, avec ses différents arcs temporels, ajoute une dimension supplémentaire à l’intrigue, permettant aux lecteurs de plonger au cœur des secrets qui entourent le domaine de Ker ar Bran. L’écriture fluide et précise de Rozenn Illiano contribue à l’immersion, tandis que les personnages marquants et leurs histoires personnelles apportent une profondeur et une authenticité à rafraichissantes. Le roman aborde avec subtilité des thèmes tels que la rémanence du passé, la différence et l’acceptation de soi. « Le phare au corbeau » plaira tant aux amateurs de paranormal qu’à ceux qui cherchent une histoire captivante remplie de personnages attachants. Je pense cependant que d’autres livres pourraient enrichir certains points de l’univers qui gagneraient à être développés.
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Quelles sont vos lectures marquantes du mois ?
2 commentaires
Shaya · 2 juillet 2023 à 17 h 18 min
De belles lectures donc ! J’avais aussi aimé Issa et Elohim, mais c’est vrai que le format novella a la manie de laisser un goût de trop peu.
La Geekosophe · 10 juillet 2023 à 11 h 01 min
C’est un format traître ! Certains parviennent à bien construire leur univers et d’autres donnent l’impression qu’ils manquent des éléments