Le mois de février est passé vite ! Mais j’ai fait d’excellentes lectures dans le mois, avec pas moins de deux coups de cœur. Les lectures ont également été très variés : roman noir, fantastique… Et romans courts comme des lectures plus longues.
Liens de sang d’Octavia E. Butler
Dana est noire, Kévin est blanc. Mariés depuis peu, ils emménagent dans une nouvelle maison en Californie. Le jour de ses vingt-six ans, la jeune femme, prise d’un malaise, perd connaissance. Elle disparaît du salon, puis réapparaît quelques instants plus tard, couverte de boue.
Sans contrôler ni ses départs ni ses retours, Dana est propulsée au temps de l’esclavage et partage la vie de ses ancêtres dans une plantation du Sud.
Hallucination ? Cauchemar ? Le couple survivra-t-il à ces épreuves ?
L’autrice aborde avec finesse les relations complexes entre noirs et blancs à travers les voyages temporels de l’héroïne, Dana. L’usage astucieux du retour dans le temps crée une tension palpable, renforcée par l’absence d’explications détaillées, ajoutant une dimension anxiogène à l’histoire. La subtilité des personnages, confrontés aux horreurs de l’esclavage et pris entre deux mondes, offre une profondeur et des nuances qui contribuent à la richesse narrative. Octavia Butler excelle dans la représentation de la complexité humaine, évitant la simplification des personnages en bons ou mauvais.
Je suis ta nuit de Loïc Le Borgne
Eté 1980, dans un village de Bretagne… Ils sont six copains, inséparables, rêvant à Star Wars, Goldorak et aux filles. Lors d’une partie de casse-bouteilles, ils découvrent le cadavre mutilé d’un vagabond. C’est le début d’une cascade d’évènements terrifiants, mystérieux, dont les enfants sont l’épicentre. La peur s’installe dans le village et peu à peu, la bande comprend qu’une force maléfique rôde et qu’elle cherche à les détruire. Le Mal est-il de retour ?
Je suis très partagée sur cette lecture. Je suis ta nuit est d’un côté un récit qui parvient à construire de vrais moments oppressants grâce à un bon sens de la mise en scène et une sensation diffuse de danger. Cependant, les longueurs et les maladresses d’écriture viennent plomber le rythme, donnant l’impression d’un scénario décousu. Pourtant, le sentiment de faire face à un récit superficiel disparaît quand les révélations apportent une réflexion mature sur la violence, son héritage et les ravages de la solitude et de la violence. Dommage que ce soit si tardif dans l’histoire.
La maison des jeux tome 1, Le serpent de Claire North
VENISE, 1610. Au cœur de la Sérénissime, cité-monde la plus peuplée d’Europe, puissance honnie par le pape Paul V, il est un établissement mystérieux connu sous le nom de Maison des Jeux. Palais accueillant des joueurs de tous horizons, il se divise en deux cercles, Basse et Haute Loge. Dans le premier, les fortunes se font et se défont autour de tables de jeux divers et parfois improbables. Rarement, très rarement, certains joueurs aux talents hors normes sont invités à franchir les portes dorées de la Haute Loge. Les enjeux de ce lieu secret sont tout autre : pouvoir et politique à l’échelle des Etats, souvenirs, dons et capacités, années de vie… Tout le monde n’est pas digne de concourir dans la Haute Loge. Mais pour Thene, jeune femme bafouée par un mari aigri et falot ayant englouti sa fortune, il n’y a aucune alternative. D’autant que l’horizon qui s’offre à elle ne connaît pas de limite. Pour peu qu’elle gagne. Et qu’elle n’oublie pas que plus élevés sont les enjeux, plus dangereuses sont les règles…
Une fois de plus, Claire North propose un concept intrigant bien mené. Avec une écriture précise à la narration surprenante, elle nous plonge dans une guerre de pouvoir dans la Venise du XVIIe siècle. Thene recherche la liberté, et le parcours de cette joueuse habile qui sait tirer tout le potentiel des cartes qu’elle a en main est proprement fascinant. Il reste beaucoup de mystères à explorer à la fin de cette novella. Car les enjeux des paris semblent illimités, et d’autres parties se jouent en coulisse.
Le démon de la colline aux loups de Dimitri Rouchon-Borie
Un homme se retrouve en prison. Brutalisé dans sa mémoire et dans sa chair, il décide avant de mourir de nous livrer le récit de son destin.
Écrit dans un élan vertigineux, porté par une langue aussi fulgurante que bienveillante, Le Démon de la Colline aux Loups raconte un être, son enfance perdue, sa vie emplie de violence, de douleur et de rage, d’amour et de passion, de moments de lumière… Il dit sa solitude, immense, la condition humaine.
Roman noir, Le démon de la colline aux loups nous plonge dans la psyché d’un jeune homme à l’enfance détruite par la violence. Si le roman est à déconseillé aux âmes sensibles, il est brillant dans sa description de Duke, dont l’enfance le condamne dans une spirale de violence malgré des moments de vive luminosité à travers quelques rencontres. L’auteur a choisi la forme d’un journal, de confessions, pour se prêter à un exercice de forme qui porte à merveille le propos du roman mais aussi le caractère du personnage, le rendant particulièrement attachant malgré ses éclats de violence.
Quelle est votre meilleure lecture du mois ?
4 commentaires
Light And Smell · 3 mars 2024 à 9 h 02 min
Bravo pour ton bilan 🙂
La maison des jeux me tente pas mal…
La Geekosophe · 1 avril 2024 à 18 h 17 min
Court et sympas 😉
Shaya · 18 mars 2024 à 23 h 04 min
C’est un joli bilan ça ! Il faut vraiment que je rattrape le Claire North un jour.
La Geekosophe · 1 avril 2024 à 18 h 17 min
J’aime beaucoup ces oeuvres ! Je trous que c’est un bon format pour la commencer