2018 démarre à fond les ballons avec un bon paquet de lectures ! Notamment une bonne dose de SFFF entre auteurs bien connus et nouveaux venus sur la scène littéraire. C’est également la fin du Cold Winter Challenge et beaucoup de mes lectures s’inscrivaient dans ce cadre, avec quelques lectures bonus.
La légende de la pierre de Barry Hughart
Type : Fantasy
Éditeur : Folio SF
Le redoutable Prince qui Rit, aidé de ses Moines de la Liesse, a autrefois mis la vallée des Chagrins à feu et à sang. Sept siècles et demi plus tard, un bibliothécaire a été assassiné dans un monastère, et des témoins affirment avoir vu les Moines de la Liesse sur les lieux et entendu un son étrange, surnaturel, résonner. Le Prince qui Rit semble être revenu. Accompagné par Fils de Lune, le plus grand maître des sons de l’Histoire, et Tourment de l’Aube, la fille de joie au cœur trop tendre, Maître Li – un Sherlock Holmes chinois centenaire possédant un léger défaut de personnalité – et Bœuf Numéro Dix – son surpuissant assistant – partent explorer le tombeau du Prince qui Rit.
Une lecture en demi-teinte. L’auteur est vraiment passionné par les légendes chinoises et n’hésite pas à entrer dans les détails pour décrire les créatures et les dieux de cette mythologie peu connue. Les touches d’humour sont bienvenus et rappellent l’univers de Pratchett par son côté absurde à certains moments. Mais à force de vouloir mettre trop d’éléments, la partie enquête est un peu mise de côté. Il est du coup parfois difficile de bien comprendre l’enchaînement des événements et il peut devenir délicat de comprendre comment Maître Li en est arrivé à certaines conclusions.
La Belle Sauvage de Philip Pullman
Type : Fantasy / Littérature jeunesse
Éditeur : Gallimard Jeunesse
À l’auberge de la Truite, tenue par ses parents, Malcolm, onze ans, voit passer de nombreux visiteurs. Tous apportent leurs aventures et leur mystère dans ce lieu chaleureux. Certains sont étrangement intéressés par le bébé nommé Lyra et son dæmon Pantalaimon, gardés par les nonnes du prieuré tout proche. Qui est cette enfant ? Pourquoi est-elle ici ? Quels secrets, quelles menaces entourent son existence ? Pour la sauver, Malcolm et Alice, sa compagne d’équipée, doivent s’enfuir avec elle. Dans une nature déchaînée, le fragile trio embarque à bord de La Belle Sauvage, le bien le plus précieux de Malcolm.
La Belle Sauvage est le premier tome de la nouvelle trilogie de Philip Pullman, elle se passe dans le même univers qu’à la croisée des mondes ! Ce livre est pour moi une réussite sur toute la ligne : les personnages sont bien construits et très attachants. Le roman évite de tomber dans le manichéisme en abordant des sujets profonds comme le fanatisme ou la manipulation des enfants à des fins idéologiques. L’auteur n’édulcore pas la réalité et n’hésite pas à distiller quelques pointes de noirceur. Toutefois, il y a un sacré changement rythme entre les deux parties du livre, ce qui donne parfois l’impression que la deuxième est trop rapide, notamment la fin qui semble un peu précipitée.
Une maison de poupée d’Henrik Ibsen
Type : Théâtre
Éditeur : Le livre de poche
D’abord jolie poupée cajolée et préservée au beau temps de son enfance, Nora est devenue l’adorable petit merle chanteur toujours gai aux yeux d’Helmer, son mari. En effet, elle danse, rit et chante, et emplit sa maison d’une joie enfantine. Pourtant, au-delà de la charmante frivolité toute féminine propre à séduire son mari, se dessine un caractère volontaire, une femme disposée aux plus grands sacrifices par amour.
Une très belle lecture que cette surprenante pièce de théâtre du XIXe siècle ! S’ouvrant sur une discussion bourgeoise frivole, le récit gagne en force dramatique jusqu’à un explosif troisième acte qui voit l’émancipation de Nora. Une belle œuvre féministe qui observe avec lucidité les travers de la société de l’époque.
Le dernier brûleur d’étoiles de Sophie Val-Piguel
Type : Fantasy
Éditeur : Nouvelles Plumes
À la suite d’un étrange cauchemar, la vie de Gwenvael bascule. Contraint de fuir l’orphelinat où il vit depuis toujours, le jeune homme tente de donner un sens aux mystérieuses paroles prononcées par le directeur de l’institut juste avant son départ : « Trouve Calypso ». Lorsqu’il est attaqué par une horde d’hommes des bois et capturé par un redoutable guerrier, Gwenvael comprend qu’il a franchi les portes d’un autre monde. Et s’il n’avait pas toujours vécu à l’orphelinat ? S’il était Celui qu’ils attendaient tous ?
Je vous le dis directement, ce fut une déception. J’ai trouvé que l’Univers aurait pu être développé de manière plus profonde. L’auteure beaucoup d’éléments épars mais on survole les peuples et leurs spécificités, du coup on a un monde fantastico-médiéval un peu générique. Les personnages, à commencer par Gwenvael, ne sont pas attachants, faute à un certain manque de développement et à des personnalités trop génériques. J’ai aussi trouvé des incohérences dans le récit qui m’ont gênées, notamment des règles qui sont posées à un certain moment pour ne plus exister quelques pages plus loin sans raison valable. Une lecture avec bien trop de failles pour que je l’apprécie vraiment.
Le silence de la cité d’Elisabeth Vonarburg
Type : Science-fiction / Post-apocalyptique
Éditeur : Alire
Dans la Cité où ils se sont repliés à l’heure des Abominations, les scientifiques presque immortels, derniers dépositaires de la civilisation, s’ennuient tandis qu’à l’extérieur se succèdent des générations de mutants barbares. Dernière enfant de la Cité, fruit des expériences génétiques de Paul, Élisa apprend à connaître son corps et ses facultés d’auto-régénération et reprend à son compte le Projet des généticiens : réensemencer la race humaine, à l’extérieur de la Cité trop dorée et corruptrice, et lui transmettre ses nouveaux pouvoirs. Mais c’est compter sans les données psychologiques individuelles qui font l’originalité de l’homme et qui seules, peuvent mettre en échec le programme le plus habilement informatisé.
Il s’agit d’un excellent livre de science-fiction qui parvient à brasser énormément de thèmes différents. C’est une lecture très riche au niveau des réflexions qu’il stimule autour de la technologie, de l’individualisme et du déterminisme. La plume de l’auteure est d’une grande sensibilité et très charnelle. Elle n’hésite pas à imbriquer les pensées introspectives de son personnage principal. Elisa devient alors une femme très attachante à laquelle il est facile de s’identifier malgré ses spécificités.
Princess Bride de William Goldman
Type : Conte / Romance
Éditeur : Bragelonne
Le conte intemporel écrit par S. Morgenstern – redécouvert et merveilleusement abrégé par William Goldman – est peuplé de personnages aussi inoubliables que : Westley, le beau valet de ferme qui risque la mort, et pire encore pour la femme qu’il aime ; Inigo Montoya. Le bretteur espagnol qui ne vit que pour venger la mort de son père Fezzik, le plus doux et le plus fort des géants… et, bien sur, Bouton d’or : la princesse, la fiancée, la femme parfaite, la plus belle de toute l’histoire du monde.
Quel plaisir de retrouver les personnages qui nous avait marqués dans le film ! Princess Bride est un bonbon à lire. Si à première vue il s’agit d’un énième conte un peu mièvre, pas du tout. L’auteur détourne les codes traditionnels du conte avec ce qu’il faut d’humour et d’ironie. Certaines scènes et répliques sont particulièrement hilarantes, ce qui en fait le roman idéal pour les moments de déprime. L’auteur n’hésite cependant pas à opter pour un procédé narratif qui permet des digressions avec l’histoire, ce qui peut déplaire à certains.
Destiny, tome 1 : Imparfaite de Cecelia Ahern
Type : Science-fiction / Dystopie
Éditeur : Hachette Black Moon
Dans le monde de Celestine North, chaque citoyen doit être Parfait. Quiconque commet la moindre erreur se voit marqué du sceau de l’Imperfection. Celestine mène une vie parfaite au sein d’une famille parfaite et au bras du petit ami parfait. Elle pense incarner l’idéal de la société. Et si Celestine s’était trompée ? Si c’était le système lui-même qui était Imparfait ?
Cette dystopie s’est révélée être une très bonne découverte ! L’univers est plutôt bien trouvé et permet de poser des questions éthiques plus profondes qu’il n’y paraît. Le livre explore le côté suiveur de l’homme, avec la tendance des foules à trouver des boucs émissaire à leurs problèmes. Les personnages sont bien construits avec des personnalités très cohérentes, notamment l’héroïne qui n’a rien d’une personne rebelle mais qui se retrouve au centre d’événements qu’elle ne parvient pas à endiguer suite à sa décision d’aider la mauvaise personne. Le livre évite également les poncifs agaçants de la Young Adult : pas de trio amoureux, pas de personnages trop parfaits (même s’ils prétendent le contraire).
HEX de Thomas Olde Heuvelt
Type : Horreur / fantastique
Éditeur : Bragelonne
Bienvenue à Black Spring, charmante petite ville de la Hudson Valley. Du moins en apparence : Black Spring est hantée par une sorcière, dont les yeux et la bouche sont cousus. Aveugle et réduite au silence, elle rôde dans les rues et entre chez les gens comme bon lui semble, restant parfois au chevet des enfants des nuits entières. Les habitants s’y sont tellement habitués qu’il leur arrive d’oublier sa présence. Ou la menace qu’elle représente. En effet, si la vérité échappe de ses murs, la ville tout entière disparaîtra. Pour empêcher la malédiction de se propager, les anciens de Black Spring ont utilisé des techniques de pointe pour isoler les lieux. Frustrés par ce confinement permanent, les adolescents locaux décident de braver les règles strictes qu’on leur impose. Ils vont alors plonger leur ville dans un épouvantable cauchemar…
Une très bonne lecture que ce Hex. Je salue l’originalité contexte, un huis-clos étouffant dans une petite ville américaine (le roman original se passe en Hollande, ils ont américanisé cette version). J’ai beaucoup apprécié l’usage de la technologie pour la gestion de la sorcière. C’est à la fois plutôt créatif et très réaliste. Ce clivage entre technologie et peur moyenâgeuse crée parfois un effet burlesque. L’auteur maîtrise très bien son récit qui va crescendo dans l’horreur et le déchaînement de folie. Un bémol sur la fin qui manque de cohérence et de naturel comparée au reste de l’histoire. Un des personnages principaux a clairement dévié de qu’il était censé être. J’ai trouvé ses décisions pas très logiques.
Homo Deus, une brève histoire de l’avenir de Yuval Noah Harari
Type : Essai
Éditeur : Albin Michel
Que deviendront nos démocraties quand Google et Facebook connaîtront nos goûts et nos préférences politiques mieux que nous-mêmes ? Qu’adviendra-t-il de l’Etat providence lorsque nous, les humains, serons évincés du marché de l’emploi par des ordinateurs plus performants ? Quelle utilisation certaines religions feront-elles de la manipulation génétique ? Homo Deus nous dévoile ce que sera le monde d’aujourd’hui lorsque, à nos mythes collectifs tels que les dieux, l’argent, l’égalité et la liberté, s’allieront de nouvelles technologies démiurgiques. Et que les algorithmes, de plus en plus intelligents, pourront se passer de notre pouvoir de décision. Car, tandis que l’Homo Sapiens devient un Homo Deus, nous nous forgeons un nouveau destin.
Un livre très dense qui développe des pensées lucides sur l’humanité et son avenir. L’auteur propose un livre richement documenté qui permet d’en apprendre plus sur l’évolution de l’espèce humaine sans jamais tomber dans l’abscons. Yuval Harari met notamment en avant une conception de la religion très intéressante qui donne un tout nouveau point de vue sur les avancées biologiques et l’intelligence artificielle. Si vous êtes curieux et que vous aimez challenger vos préjugés, ce livre est pour vous !
Celui qui dénombrait les hommes de China Miéville
Type : Fantastique
Éditeur : Fleuve éditions
Comme suspendue dans les airs, la ville est à cheval entre deux montagnes, coupée par un gouffre, réunie par un pont. Un pont dont les orphelins livrés à eux-mêmes ont fait leur royaume.
Plus haut dans la montagne, à l’écart de l’agitation de la cité peuplée de marchands, de marginaux et de magiciens, vit le faiseur de clés, avec sa femme et leur enfant. Un jour, son fils déboule dans les rues, comme s’il avait le diable à ses trousses. Son père a tué sa mère, et l’a jetée dans un trou si profond que l’on n’en voit pas le fond, affirme-t-il.
Mais faute de preuve, on préfère ne pas le croire. Alors c’est auprès des enfants du pont que le petit garçon va se réfugier. Jusqu’à ce que son père le retrouve.
Un livre étrange ! Ici, pas de scénario très structuré ni de monde dense et détaillé comme China Miéville a l’habitude d’écrire. Nous ne faisons qu’entrevoir l’univers à travers les yeux d’un jeune garçon à un tournant de sa vie. La magie et la géopolitique dont présentes, mais nous n’avons qu’un petit échantillon. La plume de l’écrivain fait en revanche des merveilles dans ce court roman, où elle atteint des sommets de poésie onirique. C’est un donc un livre profondément inhabituel qui vous plaira si vous cherchez des expériences littéraires différentes de la fantasy habituelle.
Et vous, vous avez lu quoi ? Vous avez l’intention de faire des défi lecture cette année ? Si vous en cherchez un, je participe au défi lecture de 2018 ! Vous avez 100 catégories bien variées (chick-lit, dark fantasy, livre de votre maison d’édition préférée…), vous choisissez un pallier et des livres que que vous comptez lire. Ensuite on échange sur les lectures et on fait plein de découvertes. C’est par ici.
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