Juillet commence ! On fait le point sur le mois de juin avec des lectures souvent sous le signe de la nature avec le Challenge SFFF 2022. J’ai moins lu que les mois précédents mais c’était tout de même très satisfaisant, avec de belles découvertes autour de l’écologie et le retour d’une héroïne que j’adore.
Winterwood de Shea Ernshaw
Certains disent que les bois de Wicker Woods sont magiques. Hantés, mêmes.
Nora Walker, héritière d’une longue lignée de sorcière, sait à quoi s’en tenir : toutes les femmes de sa famille partagent un lien particulier avec la forêt. Et c’est ce lien qui met Oliver Huntsman sur sa route. Lorsque l’adolescente le retrouve, gelé, au milieu de ces arbres inquiétants, elle n’en croit pas ses yeux. Oliver, c’est le garçon du Camp de Redressement pour jeunes en difficulté qui a disparu en pleine tempête de neige voilà plusieurs semaines. Il devrait être mort. Et pourtant, il est là, vivant.
Nora le recueille chez elle et tombe amoureuse de lui. Mais elle ne peut s’empêcher de remarquer qu’en présence du jeune homme les bois réagissent étrangement et de se demander comment il a pu survivre à cette nuit de tempête qui aurait dû le tuer. Elle comprend que son nouvel ami cache un secret. Oliver, de son côté, est prêt à tout pour garder ses secrets enfouis. Car il n’est pas le seul à avoir disparu cette nuit-là.
Winterwood propose un univers intrigant, autour d’une forêt mystique et dangereuse. La sorcellerie, présente de manière discrète et étrange, est bien mise en valeur à travers la lignée des Walker, des femmes aux capacités étranges et handicapantes. L’histoire est globalement sympathique, ancrée dans l’intime. Mais comme souvent avec ce type de lecture, je lui trouve un côté superficiel et inabouti. Les personnages sont peu creusés et le début de l’histoire comporte beaucoup de répétition. En somme, c’est agréable mais peu mémorable.
Symphonie Atomique d’Etienne Cunge
« N’oubliez pas notre baseline : soyez écoresponsable, suicidez-vous. »
Le monde d’après s’effondre.
Malgré l’odeur de fin des temps, des restes de civilisations subsistent, au bord du chaos, et chacun lutte pour donner du sens à sa vie. Les quatre modèles des puissances atomiques, aux abois, dominent cette désolation et se confrontent, prêts à en découdre : ultra-capitalisme américain, écologisme européen, nationalisme russe et totalitarisme social chinois. Dans ce climat délétère, l’équilibre ne tient plus qu’à un fil, sur le point de rompre.
Parmi le concert des forces nucléaires spatiales, l’Europe en Transition fait figure de naine. Pour autant, alors qu’émerge une crise dans la crise, le sort de l’Humanité va peut-être dépendre des décisions de deux de ses membres, que rien ne prédisposait à cela : Juan et Agathe.
Dans cette nouvelle ère, à l’Europe reconfigurée et où l’espace constitue le terrain névralgique des conflits, leurs actes vont faire écho à l’étrange soulèvement en cours dans les steppes d’Asie centrale – sous le commandement du jeune Ashkat –, et les confronter à l’énigme qu’incarne Ulan Moltov, l’âme de la rébellion, le cœur du jeu de poker à grande échelle qui débute.
Sans concession, le roman est loin d’être une niaiserie qui donne des leçons bien pensantes. On sent la formation scientifique de l’auteur, qui anticipe les grosses problématiques du changement climatique avec précision et sans fioritures. Le livre retrace bien les dilemmes des populations et des grandes puissances, qui tentent de répondre aux grands défis (réfugiés climatiques, multiplication des catastrophes naturelles…) en accord avec leur culture. Mais quand des attaques présagent qu’un mystérieux belligérant tente de tirer profit du chaos, on se retrouve plongé dans un thriller au cordeau, aux côtés de personnages affirmés. Malgré les maladresses de caractérisation, je salue la portée visionnaire du récit.
La guerre des marionnettes d’Adam-Troy Castro
Toujours à la poursuite des Démons Invisibles, responsables de la mort de ses parents, Andrea Cort se rend sur la lointaine planète Vlhan. Ses imposants habitants y pratiquent un rituel qui tient tout autant du spectacle de danse que du suicide collectif. Une fois, par le passé, le ballet a dégénéré, et les habitants de Vlhan se sont retournés contre les spectateurs présents pour les massacrer. Andrea est convaincue qu’élucider le mystère à l’origine de cette tragédie peut la mener à ses Démons Invisibles. Mais la disparition d’une jeune fille vient rapidement compliquer sa quête personnelle. Vlhan est une planète dangereuse et Andrea ignore à quel point elle s’apprête à danser avec la mort.
Difficile de nier le talent d’Adam-Troy Castro ! Il nous présente avec ce dernier tome un récit captivant. Vhlan est une planète aussi dangereuse que fascinante. C’est grâce à ses habitants, créatures mystérieuses qui posent une énigme fascinante au reste de l’univers, mais aussi à Andréa et aux lecteurs ! Quel plaisir de retrouver notre procureure acerbe, qui en prend plein la poire dans ce tome. C’est une histoire sombre et violente, menée à un rythme soutenu, avec une dernière partie à couper le souffle. Mais j’avoue que l’enquête m’a manquée dans les deux premiers tiers du roman ! Ceci dit, on retrouve la légendaire perspicacité d’Andrea Cort à la fin.
Le clan suspendu d’Etienne Guéreau
Un clan haut perché dans les bois. Un ennemi étrange. Seule une jeune fille osera désobéir afin d’échapper à son destin.
Ismène vit parmi les siens, dans un village accroché à dix mètres de hauteur. Tous pratiquent des rites immuables et répètent inlassablement Antigone, la tragédie qu’il leur faut connaître sur le bout des doigts.
Descendre leur est interdit, car en bas une créature sanguinaire massacre ceux qui s’aventurent sur son territoire…
Quand le jeune Hémon décide de contester l’ordre établi, tout bascule. Pour fuir cet univers oppressant et comprendre le sens profond de la tradition qui leur a été inculquée, Ismène va devoir percer le secret qui menace son clan.
Le clan suspendu a été une très bonne surprise ! Le roman est original, proposant de découvrir une communauté isolée et proche de la nature. Le suspend, comme ils se nomment, met en scène une série de rites étranges liés à notre société mais étrangement détourné. Il y a tout un mystère, captivant, autour des origines du Clan, de la signification de tous les rituels. Une autre question concerne les dangers qui peuplent le sol de la forêt. Le roman propose une réponse originale qui pose la question de l’apprentissage et de son interprétation. Le personnage d’Ismène suit une évolution riche au fil des épreuves, ce qui la rend particulièrement attachante. Le roman met en scène des éléments parfois dérangeants au travers de personnages immondes. Ce qui crée un contraste intéressant avec les aspects les plus bucoliques du livre ! Le roman est en tout cas parfait si vous aimez les histoires qui prennent leur temps et qui jouent avec les apparences.
Quelle lecture vous a le plus marqué pour le mois de juin ?
3 commentaires
Mathilde Littéraire (@Math_Litteraire) · 3 juillet 2022 à 19 h 35 min
waw un beau bilan lecture 🙂
J’ai lu 6 livres en juin, pas forcément des bonnes lectures ni mauvaise 😀
La Geekosophe · 6 juillet 2022 à 19 h 52 min
Un ventre un peu mou alors 😀
Shaya · 14 juillet 2022 à 18 h 43 min
Un chouette mois donc ! Bon mois de juillet à toi même s’il est déjà bien entamé !