J’adore les lectures d’été, j’ai mes deux challenges favoris qui me permettent de lire des romans que je n’aurais pas lus autrement ! Je suis satisfaite de ce mois : il y a deux coups de cœur d’autres belles découvertes. J’ai même pu continuer ma saga estivale plaisir coupable pendant mes deux semaines de vacances.
Le serpent du rêve de Vonda McIntyre
Sur une planète étrange et désolée, Serpent, une guérisseuse parcourt le désert en pratiquant son art à l’aide de trois serpents génétiquement modifiés capables de sécréter des remèdes en guise de venin. Dans un village, alors qu’elle soigne un jeune garçon, un habitant tue le plus rare de ses reptiles. Mutilée dans ses capacités, Serpent doit alors se mettre en quête d’un autre serpent du rêve, de sa propre guérison comme de celle du monde.
J’ai beaucoup apprécié la découverte de cette intégrale ! Vonda McIntyre déploie une plume empathique et sensible pour décrire un monde en lambeaux. Si l’humanité a régressé pour des micro-sociétés parfois tolérant l’esclavage ou les injustices, elle allume l’espoir grâce à des personnages animés d’une énergie vitale hors normes. Ce sont souvent des femmes. L’autrice en construit des portraits saisissants, entre failles et forces, mais toujours avec un grand sens de l’aide, de la détermination et une volonté de fer. Il est dès lors compréhensible que l’un se ses personnages les plus marquants soient une guérisseuse. Elle propose donc une science-fiction délicate, tournée vers l’introspection.
Rossignol d’Audrey Pleynet
Lointain futur. Espace profond. Plus qu’une prouesse technologique, la station est une expérience. Politique, sociale, économique, philosophique. Ainsi, au sein de ce gigantesque assemblage minier peuplé d’espèces venues de tous horizons, les stationniens se définissent moins en fonction de leurs origines que de leurs pourcentages génétiques. Melting-pot utopique, la station offre de fait un refuge de tolérance unique au coeur de la Galaxie ― une vie en symbiose gérée par les Paramètres qui adaptent l’environnement aux différentes morphologies, aux contraintes physiques, à toutes les essences du vivant. Ou du moins offrait… De profonds désaccords entre les Spéciens, favorables à la séparation interespèce, et les Fusionnistes, qui rouvrent pour davantage de métissage, cristallisent les tensions. Au milieu de ces courants qu’elle ne maîtrise pas, une femme, stationnienne insignifiante, va devoir choisir son camp, et par là même, peut-être, peser sur le devenir de la station et sa myriade d’habitants.
La novella est un texte intelligent sur un thème d’actualité. Rossignol pose la question du vivre ensemble, mais de manière extrême en mettant en scène un environnement adaptable capable d’accueillir une grande variété d’espèces, mais un fragile écosystème mis en danger par les velléités de pureté de certains individus. Audrey Pleynet met en scène un univers vaste en peu de pages, admirable mais qui pourra parfois perdre le lecteur. Une prouesse réalisée en partie grâce à la narration éclatée, qui permet d’alterner entre passé et présent pour bien comprendre le cheminement de la narratrice, qui se tient en équilibriste entre les différentes parties en conflit. Mais l’apparente complexité est transcendée par un message universel porteur d’espoir, bien exécuté, sur l’Amour sous toutes ses formes, celui qui transcendent les différences, le temps et les générations.
L’étoile de Pandore, tome 1 : Pandore abusée de Peter Hamilton
En 2380, l’humanité a colonisé six cents planètes, toutes reliées entre elles par des trous de ver. Le Commonwealth Intersolaire s’est développé en une société tranquille et prospère, dans laquelle la » réjuvénation » permet à chaque citoyen de vivre pendant des siècles. C’est alors qu’un astronome est témoin d’un incroyable événement cosmique : la disparition d’une étoile à un millier d’années-lumière, emprisonnée dans un champ de force d’une taille gigantesque. Le Commonwealth décide d’en savoir plus. Contre l’avis d’une partie de l’opinion, il construit le premier vaisseau spatial plus rapide que la lumière : la Seconde Chance. Sa mission sera de découvrir quelle menace pèse sur l’espèce humaine…
« Pandore abusée » de Peter Hamilton offre aux lecteurs un univers de space opera loin des poncifs du genre en faisant des choix qui ne manquent pas d’audace dans l’évolution de l’humanité à travers le temps et l’espace. Quasi Immortalité, voyage rapide, le Commonwealth a gout d’utopie pour les classes les plus riches, ce qui donne une progression sociale de l’humanité fascinante même si l’analyse n’est pas toujours poussée très loin. On sent que Peter Hamilton a travaillé de manière approfondie pour proposer un univers cohérent et bien construit, déployé au travers de multiples personnages et points de vue. Ce n’est donc pas une SF toujours facile d’accès : les personnages sont nombreux et la première partie de ce tome met du temps à s’installer. D’autant plus que les arcs narratifs, de prime abord disjoints, peuvent perdre le lecteur qui aura du mal à y voir ce qui relie cette vaste galerie de personnages. La deuxième partie, prenante et bien réalisée, raccroche tous les wagons et donne très envie de lire la suite.
Himilce d’Emmanuel Chastellière
241 avant J.-C. Aux larges des îles Égates, la flotte romaine intercepte et met en déroute une centaine de navires carthaginois. Aux premiers la victoire ; aux seconds la perte de la Sicile et un traité de paix défavorable et humiliant.
Près de vingt ans plus tard, Himilce, princesse ibère libre, voit sa destinée liée à celle du jeune général Hannibal Barca. Celui-ci ne brûle que de se venger et lève déjà une expédition à destination de l’Italie.
En quête d’une place dans cette société d’hommes, la jeune femme se retrouve emportée au cœur d’intrigues politiques en passe de transformer radicalement l’avenir du bassin méditerranéen. Pour préserver la paix, ne devra-t-elle pas forcer son destin, quitte à se créer des inimitiés parmi les siens ?
Le roman d’Emmanuel Chastellière marque par son personnage principal. Himilce, oubliée de l’histoire, devient ici une femme indépendante qui n’aspire qu’à une vie calme proche de la nature. Peu politique, artistique et compatissante, elle se dédie à aider le peuple, peu intéressée par les affres de la guerre. Mais sa naissance et son statut la ramènent au centre de complots aux guerres puniques, qui la rattrapent sans cesse. L’auteur propose un texte détaillé qui nous plonge dans la sensibilité complexe de la jeune femme. Il met également en scène une Carthage immersive, avec ses croyances, ses mythes, son obsession pour la gloire guerrière et ses jeux de pouvoir où les apparences sont toujours centrales. Himilce, étrangère qui tente de s’intégrer sans jamais pleinement parvenir à s’effacer dans le rôle qu’on lui impose, offre un regard parfait.
Les sept sœurs, tome 4 : La sœur à la perle de Lucinda Riley
CeCe d’Aplièse ne s’est jamais vraiment sentie à sa place. Et à la suite du décès de son père adoptif, l’excentrique milliardaire Pa Salt – surnommé ainsi par ses filles, adoptées aux quatre coins du monde – elle se retrouve complètement perdue.
Désespérée, n’ayant que les quelques indices laissés par son père – une photographie en noir et blanc et le nom d’une pionnière ayant traversé le monde – CeCe part à la recherche de ses origines… jusque dans la chaleur et la poussière du centre rouge de l’Australie.
Cent ans auparavant, Kitty McBride, fille de pasteur, abandonne sa vie bien rangée pour accompagner une vieille dame d’Édimbourg jusqu’à Adélaïde. Son ticket pour cette terre inconnue apportera le grain d’aventure dont elle avait toujours rêvé… ainsi qu’un amour qu’elle n’avait jamais imaginé.
Alors que CeCe découvre des secrets enfouis depuis bien longtemps, elle commence à penser que ce vaste et sauvage continent pourrait lui offrir quelque chose qu’elle a toujours cru impossible : un sentiment d’appartenance et un foyer…
Je continue ma saga estivale ! Cette fois-ci, on se retrouve en Australie avec la quatrième sœur, dont on a un a priori mitigé à cause du regard critique que le reste de la famille lui porte. C’est un premier point intelligent, car CeCe semble en réalité sensible et en insécurité constante, ce qui en fait une personnalité distincte au sein de la famille d’Aplièse. L’autrice en profite pour rompre certains lieux communs autour des sœurs : CeCe est considérée moins belle et sa romance moins normée, ce qui renouvelle la saga en proposant un point de vue plus moderne. En outre, les deux temporalités se font vraiment très bien écho, avec pour fil rouge la culture méconnue des aborigène, leurs arts et leurs légendes, mais aussi leur place dans la société australienne. L’autrice a fait beaucoup de recherches pour retranscrire cette culture méconnue. Pour moi, ce tome est une fois de plus une réussite qui équilibre très bien histoire, dépaysement et romance, malgré un arc narratif dispensable.
Le roman compte 768 pages, il entre donc dans le challenge du pavé de l’été !
Quelles sont vos lecture marquantes du mois de juillet ?
4 commentaires
Sibylline · 3 août 2023 à 13 h 34 min
Les lectures de l’été ont un charme tout à fait spécial. On s’en souvient longtemps après… 🙂
La Geekosophe · 21 août 2023 à 23 h 25 min
C’est d’autant plus le cas de la saga des 7 soeurs, qui est totalement différent de mes lectures habituelles haha
Shaya · 14 août 2023 à 16 h 13 min
Joli mois en tout cas ! Il va vraiment falloir que je m’achète le Vonda Mc N.Intyre. Pour Hamilton, ça ne serait pas une habitude ça ? Je viens de finir le premier tome de Rupture dans le réel, et c’est exactement les mêmes schémas.
La Geekosophe · 21 août 2023 à 23 h 23 min
C’est possible pour Hamilton ! C’est mon premier roman de cet écrivain, je ne connais pas ses habitudes ⭐